Socialisation et développement du chiot
par Bernadette QUEINNEC, 1981
Le
développement comportemental et psychique du chien se produit pendant
la croissance en suivant un cours à peu près immuable dans sa
chronologie.
Dans cet ensemble qui se poursuit jusqu'à la maturité,
tous les évènements s'enchaînent et chaque progrès ou chaque acquisition
s'avère indispensable pour la réalisation des suivants.
En
rapport avec la nature grégaire de l'espèce canine, c'est toutefois le
phénomène de socialisation qui domine en importance le schéma de
développement comportemental de celle-ci et ses modalités sont
déterminantes sur la nature ultérieure des relations entre le chien et
l'homme.
On a démontré que le comportement du chien est calqué
sur celui du loup lorsque ces deux animaux sont placés dans les mêmes
conditions.
Le chien vit donc normalement en bandes socialement organisées.
Dans
la bande, les individus ont mutuellement des relations complexes qui
s'inscrivent dans le cadre principal d'une hiérarchisation. On entend
par socialisation, l'apprentissage des modalités de relations entre les
membres d'une même bande ou d'une même société (société s'entend ici au
sens large d'un ensemble d'individus vivant ensemble et entretenant des
relations mutuelles).
Cette "formation sociale" peut présenter deux aspects fondamentaux :
*
la socialisation intraspécifique qui ne concerne que l'apprentissage
des relations sociales entre sujets de même espèce, en l'occurence entre
chiens
* la socialisation interspécifique qui implique des relations du même modèle avec individus d'espèces différentes.
Dans le cadre de cette étude, ce sont surtout les relations homme-chien qui nous retiendront.
On distingue en plus
*
une socialisation primaire qui correspond à la première acquisition de
relations sociales avec quiconque, au moment de l'éveil des facultés.
*
une socialisation secondaire qui peut avoir lieu n'importe quand après
la formation de l'individu et qui correspond à l'établissement de liens
sociaux entre individus "formés".
Les étapes du développement comportemental
Au moment de la naissance, le développement comportemental du chiot a déjà commencé.
On
a mis en évidence en effet, qu'outre les facteurs héréditaires, divers
facteurs peuvent intervenir avant la naissance pour modifier le
comportement ultérieur chez le chien comme dans les autres espèces.
Des stress subis par la mère au cours de la gestation peuvent, par exemple, modifier ultérieurement l'émotivité des petits.
Après
la naissance, le développement est constant et progressif mais comporte
toutefois des étapes qui permettent de diviser la vie du chiot en
autant de périodes caractéristiques.
C'est ainsi que SCOTT et FULLER ont défini en 1965 les principales périodes suivantes :
- période néonatale: 1ere t 2eme semaine
- période de transition: 3eme semaine
- période de socialisation: 4eme semaine à 10 ou 12eme semaine
- période juvénile: de la 12eme semaine à la puberté
Notons
qu'il n'y a rien d'absolu dans les dates de passage d'une période à
l'autre et que divers auteurs ont proposé des schémas plus subdivisés.
Des études ultérieures devraient encore apporter divers aménagements à
ce tableau.
La période néonatale
Dite
encore phase végétative, la période néonatale est caractérisée par le
fait que le comportement et les réactions des chiots sont uniquement
conditionnées par le besoin de téter et le maintien de la température
corporelle.
Si les chiots se blottissent contre la mère ou les uns contre les autres c'est uniquement pour se défendre contre le froid.
On
observe d'ailleurs que dans un local très chauffé ou sous une lampe à
infra rouges les chiots se tiennent dispersés dans le nid lorsqu'ils ne
tètent pas.
Ces comportements très élémentaires ne doivent pas faire
oublier que certaines expériences précoces peuvent avoir des
conséquences sur le comportement ultérieur.
Les effets du milieu sont déjà ressentis profondément à cette époque.
Des
stress subis peu après la naissance peuvent avoir des conséquences
néfastes sur le futur comportement de l'animal et sur ses réactions
émotives et peuvent être la cause de troubles psycho-somatiques.
Par
contre, des stimulations diverses, même peu agréables, telles
qu'exposition au froid, flash, bruits divers, peuvent profiter aux
chiots au point que ceux qui les ont subis se révêlent supérieurs à des
chiots témoins: ils ont ultérieurement une émotivité plus faible, une
plus grande capacité à résoudre divers problèmes et sont
hiérarchiquement dominants.
Vers la fin de la 2eme semaine, soit
entre le 12eme et le 15eme jour, les paupières des chiots s'ouvrent sur
des globes oculaires ternes et non fonctionnels. Cette étape signe la
fin de la période néonatale et amorce la période suivante.
La période de transition
La période de transition correspond en effet à la phase d'éveil.
Pendant cette période, on voit graduellement apparaître des modèles de comportement plus évolués.
Le chiot se lève sur ses membres pour commencer à se mouvoir debout.
Il
est capable d'acquérir des réflexes conditionnés. Il commence à
manifester sous forme de jeu un certain nombre des comportements de
l'adulte : lutte avec prise par la bouche, geste de tuer une proie en
secouant la tête de droite à gauche, etc...
On note aussi que le
chiot commence à manifester un intérêt particulier pour la bouche de sa
mère: on le voit souvent lui lècher et lui mordiller les commissures des
lèvres.
C'est parce qu'à cette date les parents commencent dans la nature à régurgiter la nourriture prédigérée à leurs petits.
Le
geste du chiot qui attend la nourriture de la bouche de ses parents ou
sollicite la régurgitation a été ritualisé dans l'espèce comme une
manifestation de comportement amical.
A cette époque, il n'existe pas de réaction de peur.
La main humaine, même inconnue, est alors tout autant recherchée que le corps d'un autre chiot.
La période de transition se fond insensiblement dans la période qui vient ensuite.
La période de socialisation
Cette période a parfois été subdivisée en 2 phases successives qui sont :
la phase de formation (semaine 4 à semaine 7) et la phase de socialisation proprement dite (semaine 8 à semaine 10 ou 12).
- La phase de formation coïncide avec la quasi maturité neurologique.
Elle est caractérisée par un perfectionnement rapide des capacités motrices et sensorielles.
Le
chiot acquiert très vite une grande mobilité dans la marche, la course,
le franchissement d'obstacles, etc...Il voit et entend très bien et
s'avère capable de suivre du regard les objets en mouvement. Par contre,
il ne réussit pas à résoudre des problèmes qui ne présentent aucune
difficulté pour des adultes, tels, par exemple, que le contournement
d'un obstacle pour aller chercher une nourriture qui lui est visible.
L'activité excrétrice présente un modèle stable qui peut être mis à profit dans l'éducation.
Dès
leur réveil les chiots quittent le nid pour uriner. Ensuite, ils se
nourrissent et se mettent à jouer. Au bout d'un moment ils s'arrêtent de
jouer et s'éloignent en flairant par terre et en cherchant une place où
ils vont uriner et déféquer.
Le champ d'investigation s'agrandit. La
portée explore l'espace environnant et il faut qu'elle dispose d'assez
de place pour cela.
Le comportement de lutte se précise, avec des
assauts, des tentatives de mordre et des émissions de sons agressifs
tels que grognements et aboiements.
Vers la 5eme semaine le
comportement de défense d'un objet ou de la nourriture apparaît ainsi
que des comportements de poursuite qui sont les premiers signes d'une
activité de groupe coordonnée.
A 6 semaines, on peut observer la plupart des modèles du comportement de l'adulte.
C'est
dans cette période de formation que le chiot commence à développer des
relations sociales et des réactions émotionnelles primaires.
Pendant
ses investigations, il se replie vers les lieux connus à la moindre
alerte et parfois intègre celle-ci comme une agression qui le fait
hurler de détresse.
La mère lui inflige ses premières corrections:
par exemple, s'il continue à tirer sur ses mamelles lorsqu'elles sont
vides, elle le bouscule un peu brutalement de la mâchoire mais le
console en le lèchant avec contrition dès qu'il se met à crier.
La
méfiance à l'égard des inconnus apparaît: si on met la main dans le nid
pour la première fois le 25eme jour de vie, les chiots manifestent de la
crainte, reculent ou cherchent à happer cette main. Toutefois, à cette
date la peur est dominée très facilement.
C'est donc dans la phase de formation que se fait la socialisation primaire ou tout au moins son début.
Tous les travaux d'éthologie ont démontré que cette socialisation primaire est une période critique.
Le
concept de période critique implique que ce qui se passe alors est
déterminant par rapport à l'ensemble du processus et l'influence de
façon irréversible.
La
socialisation primaire est, en effet, assimilée au phénomène
d'empreinte (ou imprégnation) chez les oiseaux qui se produit dans un
laps de temps très court après l'éclosion.
Si l'on prend de jeunes
canetons à ce moment (où ils ont déjà une maturité avancée), et qu'on
les élève sans leur mère, ils s'attachent préférentiellement à l'homme
voire à l'objet avec lequel ils sont élevés. Ils s'identifient à ceux-ci
au point de ne plus pouvoir parfois reconnaître leur propre espèce.
C'est ainsi que plus tard certains dirigeront leur activité sexuelle
vers l'homme ou l'objet plutôt que vers leurs congénères.
L'attachement
qu'ils ont conçu pendant l'empreinte est transposable à un autre homme
ou un autre objet de même nature mais ne l'est plus ou l'est très mal à
leur propre espèce ou à d'autres.
Chez le chien cette période est
beaucoup plus étalée dans le temps et peut durer, pense-t-on jusqu'à 10
ou 12 semaines, mais elle présente les mêmes caractéristiques.
Un
Chihuahua de 3 semaines a été placé dans une portée de chatons. A 12
semaines, il s'est avéré qu'il était complètement désorienté parmi ses
frères de portée et recherchait la compagnie des chats. Par contre les
chatons élevés avec lui étaient aussi à l'aise et aussi sociables avec
les chiens qu'entre eux.
Le maintien dans la fratrie assure naturellement l'établissement de la socialisation primaire intraspécifique.
Mais nous n'avons que faire de chiens qui ne sauraient avoir de relations qu'avec des chiens.
Par
conséquent la socialisation interspécifique avec l'homme est absolument
nécessaire et ne peut être établie que par le contact chiot-homme
pendant cette période.
Après la phase de formation où se
fait, en somme, l' identification des espèces amies avec lesquelles on
peut entretenir des relations sociales, vient la phase suivante.
- La phase de socialisation proprement dite
Ce qui se passe à cette phase va permettre l'établissement de ces relations sociales elles mêmes.
Il
existe pendant cette période une disposition particulièrement favorable
à l'apprentissage du comportement social qui rend celui-ci possible et
facile.
Passé cette période la possibilité d'apprentissage social n'existera plus.
Par
le jeu, mais aussi par l'exemple de la mère et par son éducation ainsi
que par les expériences acquises avec des chiens plus âgés, le chiot
apprend le comportement de groupe et ses modalités d'expression:
suprématie psychique du meneur de meute, subordination aux animaux
hiérarchiquement supérieurs, confiance en eux, etc..
Le chiot est
aussi bien disposé à apprendre les relations sociales avec l'homme et
c'est le moment d'en profiter pour lui faire comprendre clairement sa
position subordonnée par rapport à lui.
L'homme est alors perçu comme
un chef et cette position ne lui sera plus jamais contestée. On
attendra de lui, en contrepartie une fonction de protection, et sa
fonction de direction, corrélée avec l'obéissance qu'on lui doit
apparaîtra comme une chose tout à fait naturelle.
La disposition à l'apprentissage social est fondamentalement contrariée par la crainte.
La crainte constitue le principal facteur limitant de la capacité de développer de nouveaux attachements sociaux.
En
se développant particulièrement après la 8eme semaine, la période de
crainte amène l'achèvement de la période propice à la socialisation.
La période juvénile
La
fin de la période de socialisation se chevauche avec le début de la
période juvénile, qu'en matière d'établissement de relations sociales on
a également appelée phase de hiérarchisation.
Dès 3 à 4 mois environ les relations de dominance et de subordination se précisent dans le groupe canin.
La
subordination aux parents ou aux animaux plus âgés n'est pas remise en
cause, mais chaque chiot de même âge établit sa position dans la
hiérarchie et devient plus indépendant.
Les disputes peuvent alors dégénérer en batailles avec blessures.
Un
mâle ou une femelle prend la direction de la bande. Les dominés peuvent
présenter des retards de maturité qui persistent tant qu'ils restent au
sein du groupe.
Ainsi les chiots qui resteront avec des adultes au
contact desquels ils ont grandi peuvent-ils aussi présenter des retards
de comportement et conserver, passé 2 ans, des signes de juvénilité
comportementale. A 4 mois, la hiérarchie du groupe est établie. Cette
phase de hiérarchisation est également une phase de renforcement de la
socialisation primaire.
En effet, il faut savoir que la
socialisation primaire établie à 12 semaines n'est pas une acquisition
stable. En rapport avec l'instabilité générale des acquisitions chez le
jeune, celle-ci peut en effet régresser.
Des chiots bien socialisés à
4 mois que l'on isolera alors dans un chenil pourront, à l'âge de 6 ou 8
mois, se montrer méfiants envers les inconnus et même envers leur
premier maître. Ils seront éventuellement totalement effrayés lorsqu'on
les sortira du chenil.
Il y a eu désocialisation. Il y a donc lieu de
renforcer la socialisation primaire dans la suite du développement et
c'est ce qui se passe normalement dans la phase de hiérarchisation.
Les contacts humains doivent donc aussi être impérativement maintenus et les relations renforcées.
A la phase de hiérarchisation, suit la phase d'organisation en bande.
Pendant
cette phase les positions hiérarchiques se renforcent, la bande
s'organise. Le développement comportemental typique de l'espèce est
pratiquement acquis.
Celui-ci reste toutefois de modèle juvénile jusqu'à la puberté.
Importance de la socialisation et conséquences pratiques
Au fur et à mesure de la croissance, les chiots suivent donc une formation comportementale graduelle et progressive.
A toutes les étapes du développement, les conditions de milieu peuvent influencer le comportement ultérieur.
Toutefois
il convient de mettre l'accent sur l'importance toute particulière de
ces conditions de milieu lors de la période de socialisation.
Le
chiot qui n'aura pas eu de contact avec l'homme dans cette période
restera toujours très craintif par rapport à lui, l'évitera et sera, de
ce fait, inapte au dressage.
D'après certains auteurs, le contact
devrait même impérativement être établi pendant la phase de formation,
c'est à dire avant la 7eme semaine. D'autres pensent que celui-ci est
possible jusqu'à la 15eme semaine.
En l'absence de socialisation
primaire une certaine socialisation secondaire reste toujours possible,
mais elle est de type apprivoisement et ne permet donc pas l'utilisation
du chien telle que nous la concevons. A l'opposé, le chiot qui aura été
retiré de sa portée avant le début de la socialisation et élevé sans
contact avec des chiens, présentera vis à vis de ces congénères un
comportement très perturbé. Il en aura peur, ne s'identifierra pas à
eux, et, à défaut de connaître le code d'expression sociale, pourra même
courir parmi eux les plus grands risques d'agression.
S'il a été
élevé uniquement par l'homme, le chien s'assimile à l'espèce humaine et
peut même présenter des déviations du comportement sexuel qu'il oriente
vers ses maîtres alors qu'il n'entrevoit aucunement la possibilité de
s'accoupler avec un partenaire canin.
Dans le domaine des
conséquences pratiques, il est donc absolument essentiel que le chiot
ait des contacts aussi bien avec les chiens qu'avec l'homme dès le début
de la phase de formation.
Bien que ce contact
puisse encore être établi théoriquement jusqu'à 10 ou 12 semaines, nous
devons craindre qu'un retard quelconque nuise à la qualité des rapports
psychologiques que nous pouvons espérer avoir avec le chien.
De plus, dans ce sens, la quantité et la qualité des rapports homme-chien à cette époque ne sont pas indifférents.
La simple distribution de nourriture ne créée aucun lien.
Il
peut suffire de visiter les chiots un certain temps par jour en leur
parlant pour que ceux-ci ne craignent pas l'homme plus tard.
Mais plus les situations dans lesquelles seront impliqués l'homme et le chien seront durables et complexes, plus grands seront
l'attachement
et la compréhension du sujet à l'égard de son maître. Il faut, en
effet, que le chiot ait par ses expériences lapossibilité de développer
des relations complexes.
L'éleveur devra donc rester un certain temps avec les chiots, se laisser flairer, lécher par eux, les manipuler et leur parler.
Les chiots très manipulés petits seraient plus forts tant psychiquement que physiquement que leurs congénères non manipulés.
C'est
du moins ce qui ressort des expériences complétant celles que nous
avons vues en étudiant la période néonatale et poursuivies dans les
périodes suivantes. Des chiots soumis depuis leur naissance à des
stimulations répétées ont été plus tard mieux armés que des chiots
n'ayant pas subi ces stimulations.
Il en était de même dans diverses
expériences pour des chiots habitués à prendre part tout petits à la vie
de l'homme et dont celui-ci s'était beaucoup occupé. Ces chiots se sont
montrés beaucoup plus actifs, plus sociables et plus doués pour
résoudre divers tests que des chiots plus délaissés. Toutefois,
l'optimum d'incitations n'est pas établi et dans cette matière comme en
toutes choses, il doit bien y avoir un seuil à ne pas dépasser et un
équilibre à rechercher.
L'existence de ce que PAVLOV a appelé les
"névroses expérimentales" vient en effet limiter la portée des
expériences dont nous venons de parler.
Des stress trop violents et
trop continus peuvent ébranler le système nerveux du chiot et avoir des
conséquences néfastes sur son
comportement ultérieur.
Une seule stimulation mal perçue peut déclencher ces névroses et perturber définitivement les réactions émotives du sujet.
Par ailleurs, le moment de l'application des incitations et la chronologie de celles-ci ont aussi leur importance.
Aussi CAMPBELL craint-il qu'un chiot trop manipulé avant 6 semaines donne un adulte trop soumis.
Il
serait bon, par conséquent, si l'on veut obtenir un adulte d'un certain
caractère, pas trop dépendant, d'établir un contact réservé avant 6
semaines et de parfaire les relations plus tard.
Le problème le plus général qui se pose dans la pratique est celui du moment de la vente des chiots.
Par
la force des choses, la vente intervient pendant le développement: elle
revient en général à retirer le chiot de sa portée -milieu canin- pour
le placer en milieu humain chez son acheteur.
Le moment le plus propice à ce transfert est la 7eme semaine.
A
cette date la socialisation primaire au chien est acquise par le
contact avec la mère et la fratrie. L'identification de l'homme comme
espèce amie est assurée par les visites de l'éleveur. La vie en milieu
humain permet ensuite de parfaire la socialisation interspécifique.
De
plus, cela permet d'éviter au chiot le stress de la séparation pendant
la période de crainte qui apparaît à partir de la 8eme semaine.
Ce
schéma est le meilleur pour les chiens de compagnie et pour tous les
chiens dont l'utilisation requiert la meilleur connaissance des
modalités de relations avec l'homme: chiens d'utilité type défense,
guide d'aveugle, etc...
Il n'est pas l'idéal pour un chien qui devra
posséder plus à fond les notions de comportement social des chiens tels
que chiens chassant en collectivité (meute), lévriers, chiens de
traineau. Pour ces chiens, la socialisation intraspécifique risque
d'avoir été trop courte et il est meilleur de les maintenir plus
longtemps en milieu canin ou à défaut de conseiller de leur faire
prendre rapidement le contact avec d'autres chiens.
Les conséquences pratiques au niveau de l'éducation sont également multiples, mais ne sont pas de notre propos.
En conclusion
on peut dire que le comportement du chien adulte est un ensemble
complexe qui résulte des effets additifs et imbriqués de composantes
multiples.
A la base se situe le tempérament déterminé héréditairement et sur lequel on peut agir par sélection.
Cette
composante héréditairre et les possibilités qu'elle offre d'action
sélective débouche déjà, à ce stade, sur la diversité des tempéraments
raciaux et individuels.
Au fur et à mesure du développement qui suit
un cours également prédéterminé, les conditions de milieu s'exerçant
n'importe quand ont un rôle formateur ou modificateur à long terme.
L'existence
d'une période critique de socialisation et l'étude de ses modalités
dans les espèces à empreinte rapide permet pourtant de codifier
relativement les modalités d'action souhaitables à ce moment
déterminant.
Toutefois la variabilité des tempéraments et aptitudes
innées, la multiplicité des types de relations souhaitées entre l'homme
et le chien dans les utilisations, la diversité des formes d'action
possibles et des moments oppportuns pour les mettre en oeuvre, sont
autant de facteurs qui ouvrent un champ d'investigation immense et
seulement partiellement exploré.
B. Quéinnec, docteur Vétérinaire,
ancien Maître de Conférences de l'Ecole Vétérinaire de Toulouse
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