Histoire du dogue de Bordeaux par R.Triquet
Le Dogue de Bordeaux est l’un des chiens français les plus anciens, descendant
probable des Alans et en particulier de l’Alan Vautre selon Gaston Phébus Comte
de Foix, au XIV ème siècle.
Le dogue « de Bordeaux » n’existe en tant que tel que depuis la deuxième partie
du XIX ème siècle. Ces anciens dogues n’étaient guère renommés qu’en Aquitaine.
On les utilisait à la chasse au gros gibier (sanglier), au combat, à la garde
des maisons et du bétail, au service des bouchers. Pourquoi est il « de Bordeaux
» ? Parce que, selon Megnin, il était « employé autrefois par les bouchers de
Bordeaux ». Il est vrai que la région Midi Pyrénées fut une pépinière de Dogues
de Bordeaux, mais ils sont devenus très rares car ils se mesurent avec des
taureaux et des ours.
Le dogue de bordeaux appartient à la catégorie des molosses, du latin « molossus
» - molossus canis- désignant un grand chien féroce de la Molossie (Epire) est
emprunté au grec. Au XII ème siècle, le mot « dogue » n’existe toujours pas, il
n’apparaît qu’à la fin du XIV ème siècle.
L’origine du mot « Alan » reste mystérieuse, plusieurs significations ont été
avancées. Ce mot est très intéressant. Il a été considéré comme « vieux » et a
cessé d’apparaître dans les nomenclatures des dictionnaires au XX ème siècle. Ce
sont les cynophiles amateurs de dogues qui lui on redonné vie. Certains y voient
un rapport avec le nom du peuple barbare des Alains, répandant la terreur en
Gaule avec leur petites armées tribales au Vème siècle…D’autres une origine
espagnole « Alano » qui a un double sens : race croisée venant du dogue et du
lévrier ou espèce de chien, molosse…Mais aucune n’a pu être vérifié et sont donc
sans valeur.
Parmi les espèces d’Alans, de Gaston Phébus, celle qui nous intéresse tout
particulièrement est l’Alan vautre (mot d’origine celtique). L’Alan vautre est
apte à chasser l’ours et le sanglier. Il est grand et laid avec sa grosse tête,
ses grandes oreilles et ses lèvres pendantes. Il est donc plus grossier que
l’Alan « gentil » (noble de naissance) qui est une sorte de lévrier taillé «
droitement ». Quant à Alan de boucherie il aide les bouchers de Bordeaux à mener
les bêtes qui ont été achetées. Il est assez commun, de moindre taille, on peut
penser qu’il est l’ancêtre du Bulldog.
Alan vautre peut être l’ancêtre de notre Dogue de Bordeaux, qui a été employé,
jusqu’au XX ème siècle, pour chasser le sanglier ou combattre l’ours dans la
région du Midi Pyrénées.
Il n’a été question, officiellement, pour la première fois, du Dogue de Bordeaux
qu’ en 1863, sous Napoléon III, lors de la première exposition canine française
organisée a Paris. Les dogues de Bordeaux figuraient sous leur nom actuel. Il a
existé différents types : type toulousain, type parisien, type bordelais, à
l’origine du dogue actuel.
En 1882 lors de la première exposition organisée par la société centrale, il n’y
avait aucun Dogue de Bordeaux exposé à Paris. Car selon Megnin « Il n’y a pas
encore de race fixe de Dogue de Bordeaux ».
En 1883 une 1ère classe Dogue de Bordeaux est créée…
En 1886 il n’y a plus que la classe « dogue français » de grande et de petite
taille.
En 1891 Jean Pierre Megnin, ancien vétérinaire de l’armée, proclame que « la
race du Dogue de Bordeaux est en péril » du fait de la création récente du
Bullmastiff. Il condamne le croisement du Dogue de Bordeaux avec le Mastiff, qui
selon lui a apporté le masque noir. Pour lui il n’existe qu’un seul masque
authentique : le rouge. Il se propose d’établir un standard. Il va pouvoir
maintenant proposer le premier standard du Dogue de Bordeaux. Ce qui constitue
une étude sérieuse où l’on voit le Dogue de Bordeaux évoluer au fil des ans et
des expositions, vers un type moins hétérogène et plus proche de celui que nous
connaissons.
En 1910 Kunstler, professeur d’anatomie à la faculté de Bordeaux, crée le Dogue
de Bordeaux moderne, par la description qu’il en donne et qui est presque
définitive. Kunstler indique les traits caractéristiques du dogue : tête large
et courte, museaux tronqué, yeux dirigés vers l’avant, corps massif et trapu et
relativement bas.
La première guerre mondiale éclate le 28 juillet 1914 et les expositions ne
reprendront qu’en 1920 à Bordeaux. Cette pause permet de faire un état du
cheptel et de calmer les ardeurs des amateurs. La grande guerre est passée et le
1er janvier 1924 est fondé à Bordeaux « le club du Dogue de Bordeaux » son futur
président Achille Barès, grand cynophile, juge et éleveur, fera admettre à
égalité le masque noir et le masque rouge, mettant ainsi un point final aux
querelles existantes.
La Société des Amateurs du Dogue de Bordeaux sera fondée en 1930.
Dans les années 50 l’espoir renaît …On rappelle que pendant la guerre de 1939
beaucoup de très beaux chiens furent détruits par leur propriétaire, dans la
crainte de ne plus pouvoir les nourrir.
En 1951 le standard définitif est publié.
En 1952, on reparle de changer le nom du Dogue de Bordeaux pour celui de « Dogue
français ». Cela reviendra épisodiquement, et sera, comme toujours, classé sans
suite.
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La race qui avait beaucoup souffert pendant les deux guerres mondiales, au point
d’être menacée d’extinction après la guerre de 39-45, reprit son essor dans les
années 1960.
HISTOIRE DU DOGUE DE BORDEAUX ISSUE DU LIVRE « LA SAGA DU DOGUE DE BORDEAUX »
TOME 1, DE MONSIEUR RAYMOND TRIQUET.